Colle de carrelage et de faïence

Colle de carrelage et de faïence

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Afin de rendre la colle de carrelage/faïence/plinthe plus facile à travailler, de l'amiante en faible quantité y a été ajouté entre env. 1950 et 1986, et même plus tard (en général, les échantillons de colle de carrelage/faïence/plinthe contiennent une teneur en amiante inférieure à 1%; selon les recettes de colles de carrelage/faïence/plinthe des années 1970 et 1980, la teneur pouvait aller jusqu'à 10%).

Par conséquent, env. 25 à 30% des colles de carrelage/faïence/plinthe utilisées avant 1990 contiennent des fibres d'amiante. Après 1990, on peut partir du principe que les colles de carrelage/faïence/plinthe n'en contiennent plus.

En ce qui concerne la fréquence et la répartition de l'amiante dans les différentes applications, on peut noter les points suivants:

  • La colle utilisée pour une application murale (faïence et plinthe) est plus susceptible de contenir de l'amiante que la colle pour le sol (carrelage), étant donné que la colle pour les murs ne devait pas être trop liquide.
  • Dans les mélanges fabriqués de manière industrielle et contenant de l'amiante dès leur fabrication, les fibres d'amiante sont réparties de manière homogène. Par ailleurs, il semble que de l'amiante ait parfois été ajouté manuellement sur place dans le mélange. Dans ce cas, l'amiante peut être réparti de manière très hétérogène.
  • La colle en couche épaisse / les plots de mortier-colle ou la colle-ciment de carreaux appliqué(e) en mouillé sur mouillé (carreaux scellés) ne contiennent généralement pas d'amiante. Remarque: certaines sortes de mortiers en couche épaisse peuvent également contenir de l'amiante (mortier foncé, non appliqué au peigne). Il existe en outre des colles en couche épaisse ou mince sous forme de mélanges.
  • La colle de plinthe (en carreaux de céramique) contient elle aussi souvent de l'amiante.
  • Pour l'instant, il n'existe aucune donnée fiable sur la présence ou non d'amiante dans le mortier pour joints. On part du principe que cela peut être le cas. Par contre, il est quasiment exclu que le mortier pour joints contienne de l'amiante et que la colle sous les carreaux n'en contienne pas.
  • Le type de carreaux ne permet pas de déduire le type de colle de carrelage/faïence/plinthe utilisée.
  • Il faut tenir compte du fait qu'il est possible que plusieurs couches de carrelage/faïence/plinthe, resp. de colle de carrelage/faïence/plinthe, aient été appliquées (récent sur ancien).

Les associations FAGES et ASCA ont rédigé un document détaillé sur les bonnes pratiques en matière d'identification, d'évaluation et d'assainissement des colles de carrelages/faïence/plinthe (ainsi que des crépis et mastics). Les principaux éléments abordés dans ce document sont résumés ci-après.

Sans intervention

Type de matériau (degré d’agglomération): fortement aggloméré.

Même si certains carreaux se détachent ou que des fissures apparaissent, on peut partir du principe qu'en cas d'utilisation normale, aucune quantité significative de fibres d'amiante ne sera libérée et qu'il n'existe, par conséquent, aucun risque pour la santé.

Pour les habitants qui percent occasionnellement un trou dans de tels carreaux, il n'existe quasiment aucun risque (possibilité de libération massive de fibres, mais exposition extrêmement courte à l'amiante).

En cas de travaux

En cas de petits travaux (perçage, remplacement de certains carreaux), on estime une libération faible à moyenne de fibres d'amiante (zone orange, env. 100 à 10 000 FAR/m3).

Dans le cas où des carreaux / de la colle doivent être coupés / percés, le risque est moyen (env. 10 000 à 100 000 FAR/m3); en cas de ponçage, le risque est élevé (100 000 à 1 million FAR/m3).

En cas de démolition à l’aide d’une pelleteuse, on estime la libération de fibres inférieure à 20 000 FAR/m3. Le document «déconstruction avec une pelleteuse» ne définit pas encore clairement les risques éventuels des matériaux de démolition amiantés pour l’environnement / le voisinage, pour les travailleurs sur site et pour les employés des entreprises de recyclage.

La colle de carrelage / faïence / plinthe doit faire l’objet de prélèvements d’échantillons:

  • Mur et sol séparément
  • Aucune consigne définitive n’a encore été déterminée concernant une analyse séparée de la colle des plinthes. Si le carrelage au sol et les faïences murales proviennent de la même époque que les plinthes et font l’objet d’une analyse, la colle des plinthes ne doit pas être analysée séparément (très forte probabilité que la colle utilisée soit la même que celle utilisée pour le sol et les murs).
  • La colle en couche épaisse doit également faire l’objet de prélèvements, contrairement aux «plots de mortier-colle» et aux carreaux intégrés directement à la chape (carreaux scellés).
Echantillonner

Le nombre de prélèvements adaptés est le suivant:

  • Au moins un échantillon pour chaque utilisation/application visiblement différente.  Exemple: maison individuelle: 4-6 échantillons (p. ex. 2 dans les salles de bain, à chaque fois sol et murs; 1 dans la crédence de la cuisine; 1 dans une plinthe de la cage d’escalier).
  • Si plusieurs pièces / appartements ayant la même application: 1 échantillon tous les 4-6 pièces / appartements (15-25 % des pièces / appartements de différentes sortes). Exemple: immeuble collectif avec 20 appartements de construction similaire: 10-20 échantillons (p. ex. prélèvement dans env. 3-5 appartements, à chaque fois dans les sols et les murs des salles de bains ainsi qu’un échantillon de la crédence de la cuisine; 2 échantillons des plinthes des cages d'escaliers).
    • Cette règle est valable pour un immeuble collectif de taille moyenne.
    • Dans le cas d’un nombre très élevé d’appartements de construction similaire (p. ex. 150 logements), moins de prélèvements sont nécessaires pour obtenir la même sécurité en termes statistiques.
    • A l’inverse, dans le cas d’un nombre peu élevé d’appartements (p. ex. maison abritant 6 familles), davantage d’échantillons sont nécessaires.
  • Une démolition nécessite généralement moins de prélèvements d’échantillons.

Le prélèvement d’échantillons composites est autorisé de manière restreinte (voir à ce sujet la discussion dans le document Bonnes pratiques élaboré par le groupe de travail FAGES/ASCA): Le nombre maximal d’échantillons individuels par échantillon composite doit être défini de sorte que la limite de détection par échantillon ne soit pas trop élevée.

Recommandation actuelle du groupe de travail FAGES-ASCA: en cas d’échantillons composites, un maximum de 3 à 5 échantillons individuels pour la même application peuvent être regroupés (p. ex. mêmes carreaux dans différentes pièces). Il est nécessaire de consulter un laboratoire. Ce dernier doit être informé qu’il s’agit d’un échantillon composite et homogénéiser les échantillons. Lorsque des échantillons composites sont prélevés, des échantillons individuels doivent également être réalisés.

Quantité prélevée: prélever impérativement une quantité suffisante de matériau (au moins 5 g par échantillon, en cas de carottage: diamètre minimal de 2 cm).

Résultats contradictoires: en cas de résultats contradictoires, la procédure suivante est recommandée (cf. discussion détaillée dans le document Bonnes pratiques élaboré par le groupe de travail FAGES/ASCA):

  • Demande en laboratoire (type d'échantillon, type de préparation, type d'analyse, etc.)
  • Deuxième analyse de l'échantillon contradictoire dans le même laboratoire
  • Analyse d’un nouvel échantillon (répétition de l’échantillon ou éventuellement utilisation d’un contre-échantillon) dans le même laboratoire
  • Analyse avec une autre méthode (si nécessaire dans le laboratoire amiante de la Suva).

Concernant les résultats contradictoires, aucune consigne définitive n’a encore été définie sur le nombre d’échantillons supplémentaires nécessaires pour réfuter un résultat positif à l'amiante présumé faux-positif. Le nombre d’analyses nécessaires dépend de l'étendue des matériaux concernés et du risque occasionné. Dans ce contexte, l'indépendance est nécessaire entre le diagnostiqueur chargé de prélever les échantillons supplémentaires et le laboratoire.

Perçage de trous isolés et petits travaux de réparation (remplacement de carreaux isolés): zone orange. Masque de protection FFP3 + aspiration à la source avec un aspirateur équipé d'un filtre H conformément à la brochure 84063 de la Suva et à la fiche thématique 33067 de la Suva.

Travaux de moyenne ampleur (moins de 5 m2): zone rouge: entreprise de désamiantage conformément à la fiche thématique 33077 de la Suva.

Grandes surfaces ne pouvant pas être désamiantées en une seule opération et sans ponçage: zone rouge. Procédure selon le chap. 7 de la directive CFST 6503.

  • Fragments de maçonnerie et de carrelage avec de la colle amiantée: clarifier avec les autorités cantonales:
    • Matériaux grossiers (amiante fortement aggloméré): décharge de type B (sauf pour les cantons de Suisse romande)
    • Matériaux fins (poussière de broyage, piquage): décharge de type E.
  • Aucune valorisation de matériaux amiantés par le biais du recyclage des matériaux de construction, mais seulement mise en décharge.

Remarque générale : Dans les cantons romands l'Aide à l’exécution intercantonale sur "l'Elimination des déchets contenant de l’amiante" (AERA, décembre 2016) s'applique. Pour les cantons alémaniques et le Tessin, il n'y a actuellement aucune directive comparable. L'OFEV est en train d'élaborer une aide à l'exécution à l'OLED sur l'élimination de déchets contenant de l’amiante. Dès que l'OFEV aura publié ce document, les informations correspondantes seront reprises dans la présente documentation.  En attendant, les indications de Polludoc se basent sur la pratique commune en Suisse alémanique (sans reprendre des spécificités cantonales). Pour la protection de la santé des travailleurs, il faut par ailleurs respecter les fiches techniques 33063 et 33064 de la Suva. Les autres données devront être utilisées avec précaution.

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27 nov 2019